Alors que la grippe connaît une recrudescence exceptionnelle cet hiver, le gouvernement remet sur la table la question de l’obligation vaccinale pour les soignants. En deux semaines, plus de 1 000 décès ont été enregistrés et plusieurs hôpitaux ont dû déclencher leur plan blanc. Face à cette situation, Yannick Neuder, ministre chargé de la Santé, a annoncé avoir saisi la Haute Autorité de Santé (HAS) afin d’évaluer la pertinence d’une telle mesure. Aujourd’hui, la vaccination contre la grippe est seulement recommandée, mais les taux de couverture vaccinale chez les soignants restent très bas.
Le débat n’est pas nouveau : en 2005, la loi avait inscrit l’obligation vaccinale antigrippale pour les soignants, avant de suspendre cette mesure moins d’un an plus tard. Depuis, malgré les recommandations des autorités de santé, les campagnes de vaccination peinent à convaincre les professionnels. En comparaison, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) fixe un objectif de 75 % de couverture vaccinale pour les populations à risque et les soignants. Pourtant, la France est encore loin de ces chiffres, avec seulement 22,4 % des soignants en Ehpad vaccinés en 2023-2024.
Cette faible adhésion soulève des interrogations. Pour certains acteurs du secteur, comme le Conseil national professionnel infirmier (CNPI) et l’Académie de médecine, l’obligation vaccinale des soignants est une nécessité pour protéger les patients les plus vulnérables. Ils rappellent que le statut de soignant n’empêche pas de contracter et de transmettre le virus, et que l’efficacité du vaccin est généralement meilleure chez les adultes en bonne santé, donc chez les professionnels.
Pour les infirmiers libéraux, cette question soulève des enjeux spécifiques : certains estiment que des campagnes de sensibilisation plus ciblées et un meilleur accès au vaccin pourraient suffire à augmenter la couverture vaccinale sans passer par la contrainte.
En attendant les conclusions de la HAS, la profession suit avec attention l’évolution du débat. Le gouvernement tranchera-t-il en faveur d’une obligation, au risque d’une nouvelle fracture parmi les soignants ? Ou privilégiera-t-il une approche basée sur la sensibilisation et l’accompagnement ? Affaire à suivre dans les prochaines semaines.