Revalorisation des infirmiers libéraux : des négociations sous haute attente

Alors que les revalorisations salariales issues du Ségur de la Santé ont principalement bénéficié aux professionnels hospitaliers, les infirmiers libéraux (IDEL) sont restés à l’écart des grandes annonces. Face à un exercice de plus en plus exigeant, une crise des vocations qui s’aggrave, et une attractivité en berne, les syndicats représentatifs de la profession (FNI, SNIIL, Convergence Infirmière) ont repris la voie des négociations avec l’Assurance Maladie à l’automne 2024. Objectif : réviser la convention nationale pour 2025 et obtenir une revalorisation à la hauteur des enjeux.

Des avancées attendues sur la rémunération et la reconnaissance

Au cœur des discussions : une revalorisation des actes les plus courants (notamment les AIS), une meilleure prise en compte des déplacements et des majorations liées aux soins à domicile, ainsi que la création d’un forfait structure simplifié pour réduire la complexité administrative. Ce dernier pourrait remplacer ou compléter les actuels outils numériques et démarches d’organisation des soins.

Mais au-delà de l’enjeu purement financier, les syndicats insistent sur la reconnaissance du rôle clinique des infirmiers libéraux. Dans un contexte de virage domiciliaire et de tension sur les effectifs médicaux, les IDEL assument un rôle central dans le suivi des patients chroniques, la coordination des soins et l’éducation thérapeutique. La négociation actuelle est donc aussi l’occasion de redéfinir le périmètre d’action des IDEL, en valorisant leur expertise au service du maintien à domicile.

Un soutien affiché par le ministère… mais des garanties encore floues

Le ministre de la Santé, Frédéric Valletoux, a exprimé publiquement son soutien à la revalorisation des infirmiers libéraux, affirmant que la LFSS 2025 (Loi de financement de la Sécurité sociale) intègre une enveloppe spécifique pour répondre à ces besoins. Toutefois, les syndicats restent prudents. Ils demandent des engagements chiffrés, un calendrier clair, et surtout une écoute réelle de leurs propositions.

La question de la charge administrative et des conditions de travail reste également un point de tension. Les infirmiers libéraux réclament une simplification des démarches, une harmonisation des cotations, et une meilleure lisibilité des parcours de soins, notamment dans les relations avec les médecins traitants et les structures d’HAD.

Une occasion décisive pour l’avenir du métier

Si les négociations aboutissent à des mesures concrètes et significatives, elles pourraient amorcer un vrai tournant pour l’exercice libéral. À l’inverse, l’absence d’avancées substantielles risque d’alimenter les départs de la profession, les reconversions ou le refus d’installation des jeunes diplômés. En 2023, une étude de la Drees faisait déjà état d’une diminution du nombre d’IDEL en exercice pour la première fois depuis 20 ans.

Les prochains mois seront donc cruciaux. La profession espère que cette nouvelle convention permettra non seulement de corriger les déséquilibres actuels, mais aussi de bâtir un modèle d’exercice libéral plus attractif, mieux intégré aux parcours de soins, et porteur de sens pour les soignants comme pour les patients.

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