Cinq ans après leur apparition dans le paysage sanitaire français, les infirmiers en pratique avancée (IPA) peinent encore à trouver leur place. Pensés comme un levier de transformation du système de santé, les IPA devaient venir combler le manque de médecins, fluidifier les parcours de soins et renforcer la prise en charge des patients chroniques. Pourtant, les résultats restent en demi-teinte. Alors que les besoins en santé ne cessent de croître, notamment en ville, le déploiement des IPA semble encore loin des objectifs initiaux.
Les obstacles sont bien identifiés : manque de reconnaissance du rôle par certains médecins, cadre d’exercice libéral peu développé, rémunérations peu attractives et positionnement encore flou dans l’organisation des soins. À ce jour, seuls 5 % des IPA exercent en libéral ou en mode mixte, la majorité étant encore rattachée à des établissements hospitaliers, souvent dans des fonctions mal définies ou mal valorisées.
Et pourtant, lorsque les IPA sont bien intégrés dans les parcours de soins, les bénéfices sont réels. En première ligne dans la prise en charge des pathologies chroniques, ces professionnels réalisent des évaluations cliniques approfondies, assurent l’éducation thérapeutique, prescrivent certains examens et traitements, et contribuent à la coordination du suivi. Leur intervention permet de désengorger les cabinets médicaux tout en renforçant la qualité et la continuité des soins, notamment dans les territoires en tension.
Pour les infirmiers libéraux, ce modèle représente une piste d’évolution professionnelle à fort potentiel. La pratique avancée permettrait de diversifier les actes, d’approfondir le rôle clinique et de renforcer l’autonomie dans le suivi des patients. Mais le cadre actuel reste flou en exercice libéral. À ce jour, il n’existe pas de convention spécifique avec l’Assurance Maladie pour les IPA libéraux, ce qui freine leur installation et limite la reconnaissance financière de leurs compétences élargies.
Alors, les IPA sont-ils en passe de devenir un maillon clé du système de santé ou resteront-ils cantonnés à un rôle marginal ? Tout dépendra des décisions à venir : clarification des modalités d’exercice en libéral, soutien financier, intégration dans les équipes de soins coordonnées. Pour les infirmiers libéraux en quête de nouveaux horizons, la pratique avancée reste un chantier à suivre de près — et peut-être, une voie d’avenir à investir.