Urgence pour un étudiant infirmier : une semaine infirmière solidaire !

Cette semaine on fait une petite pause dans l’actualité pour s’intéresser au cas de Ludovic Georges, étudiant en deuxième année d’ifsi. Il fait une reconvention professionnelle par vocation mais s’il n’arrive pas à financer sa troisième année tout va s’arrêter pour lui. Pour l’aider, les membres de sa promo lui ont ouvert un « pot commun » sur internet ou chacun peut donner ce qu’il veut pour l’aider pendant qu’il cherche activement d’autres financements… Tout en révisant ses partiels. Rencontre.

 

 

Urgence pour un étudiant infirmier

Quel a été votre parcours ?

J’ai 39 ans, j’ai eu mon bac en 1996 et j’ai enchaîné un DUT de « techniques de commercialisation » non par vocation, à l’époque je voulais être biochimiste, mais parce qu’il m’était impossible de m’éloigner trop de ma famille et cet IUT-là était dans ma ville… Au sortir de l’IUT je suis rentré dans une grande entreprise où j’ai été conseiller financier pendant 13 ans puis directeur adjoint pendant 8 ans. Je suis marié depuis 20 ans mais c’est en 2010, un peu après la naissance de mon deuxième enfant, que j’ai commencé à vraiment sentir que je n’étais plus à ma place dans le poste que j’occupais. J’ai fait un bilan de compétences et parce que je recherchais avant tout un métier avec du sens, infirmier s’est imposé à moi. J’ai commencé à passer les concours en 2010 mais j’ai été refusé deux fois de suite parce que le jury pensait que « je n’étais pas à ma place ». Au lieu de me décourager ça m’a en fait encore plus motivé et en 2015 j’ai passé une dizaine de concours, y compris sur Paris alors que j’habite autour de Dijon… C’est là finalement là que j’ai décroché une place, à l’ifsi de Tenon (Paris XX), et j’ai commencé ma formation en septembre 2015.

Comment avez-vous financé ces deux années ?

Je suis salarié donc grâce au FONGECIF je touche une partie de mon salaire, mais sans prime, sans aide… Et pendant les vacances scolaires, au lieu de me reposer je retourne travailler dans l'entreprise. Mes revenus ont donc baissé en gros de 40 % et surtout mes charges ont explosé puisque je fais 4 heures de train par jour chaque fois que je vais à l’ifsi. Pour être clair j’ai vendu tout ce que je peux et j’ai vidé mes comptes mais là, mon employeur veut encore baisser mes revenus et comme je suis étudiant infirmier (formation qu’on n’aide plus) mais pas chômeur (pour avoir des aides), je suis au pied du mur. Si je ne trouve pas de solution je vais être obligé d’arrêter ma formation début juillet, en fin de deuxième année, alors que j’ai pratiquement tout validé ! C’est un crève-cœur mais je ne peux pas demander plus d’efforts à ma famille, même si je sais que ce métier est fait pour moi je reste avant tout un père et un mari et je ne veux pas envoyer tout le monde dans le mur.

Comment peut-on vous aider ?

Mes collègues de promo ont lancé le pot commun sur internet sans m’en parler et j’avoue que ça m’a fait très chaud au cœur. C’est une première chose et c’est très important mais je cherche aussi une institution qui accepterait de faire un contrat avec moi pour me payer cette année contre un engagement avec eux pour plusieurs années. Je sais que certaines structures en psychiatrie ou en pédiatrie le font, et je lance donc un appel à toutes les bonnes volontés. Je précise juste une chose, je souhaite simplement que cette institution soit dans le sud de la France (quelque part sous une ligne entre Bordeaux et Grenoble disons) pour des raisons familiales. Un barbu de 39 ans pour 1m83 et père de deux enfants avec une expérience de management et de travail auprès du grand public je sais que c’est un profil atypique mais justement je suis certains que je peux apporter « autre chose » dans une équipe.

Comment se sont passés les stages ?

Comme tout le monde, je suis arrivé dans le milieu des soins avec des lunettes roses de bisounours et, comme tout le monde évidemment, mon regard a un peu évolué. Reste que plus le temps passe plus je suis persuadé que ce métier est fait pour moi ! À ce jour mes plus grands souvenirs sont mon stage de pédiatrie où, bizarrement peut-être, je suis senti immédiatement à ma place, dans l’équipe, avec les parents et avec les enfants. Et j’ai senti le même retour autour de moi puisque beaucoup de monde m’a dit que « ça fait du bien de voir un homme ! ». Un autre stage très fort était aux urgences de nuit où, pour le coup, j’ai vraiment senti que mon expérience commerciale auprès du grand public m’aide à faire face au public des urgences et à ne pas me faire déborder… Finalement ce sont tous ces petits moments mis bout à bout qui me confirment que je suis à ma place dans ce métier.

Et sinon ?

Puisqu’on est sur une semaine de solidarité, à la rédaction on a voulu attirer votre attention sur cette association « les p’tits aitos » fondés par des employés du bloc de Tahiti qui se battent pour rendre leur bloc opératoire plus accueillant pour les enfants. En effet contrairement à la métropole il n’y a pas sur l’île de bloc dédié au pédiatrique et donc les enfants sont plongés dans le monde « des grands », ce qui accroît parfois leur angoisse et complique la prise en charge. Bref voilà, une initiative simple et concrète comme les aime…

 

À la semaine prochaine !