
Pour faire cette chronique, à la rédaction, on épluche (enfin on essaye) tous les jours, tous les articles qui parlent des infirmiers. Cette semaine on a donc choisi de faire un petit pas de côté sur l’actualité directe des infirmiers libéraux français pour voir un peu ce qui se passe dans le monde autour et, pour tout dire, ce n’est pas toujours rassurant. On y a trouvé un site qui vante les mérites d’un mouchard pour minuter les toilettes dans un EHPAD, un autre article qui explique qu’au Canada les infirmiers sont plus agressés que les policiers et enfin, dans un silence général assez glaçant, en Éthiopie, plus de 46 personnes sont mortes lors d’un éboulement dans une décharge publique : une drôle de semaine infirmière.
Un mouchard pour mesurer le temps des toilettes dans une EHPAD.
Ce qui est assez terrible dans cet article c’est qu’il est censé être une publicité sincère pour un système de communication dans une EHPAD. Et c’est probablement sans se rendre compte de ce qu’il dévoile de violence qu’on trouve tout à coup cette phrase :
« Depuis l’installation du système de visualisation et de supervision des chambres d’ASCOM, plusieurs fonctionnalités facilitent l’activité quotidienne de l’établissement en termes de management et d’organisation des équipes. Cet instrument de « mesure du temps » est efficace, puisqu’il offre la possibilité de connaître le temps de réponse à un appel ou encore la durée moyenne d’une toilette ou des soins quotidiens. »
Évidemment ce n’est pas un scoop mais en 2017 c’est donc officiel, dans un établissement d’accueil pour personnes âgées le « management » et « l’organisation des équipes » ne passe plus par la discussion avec les équipes, les retours avec les patients et les familles ou encore moins par une évaluation banale du travail effectué mais simplement par « connaître le temps de réponse à un appel ou encore la durée moyenne d’une toilette ou des soins quotidiens ».
Ou comment, grâce au LEAN management, travailler dans un EHPAD est en train de devenir un métier de merde comme nous l’avions vu il y a quelques semaines.
Tout est dit ?
La violence ne fait pas partie du travail
Au Canada (dans un cadre électoral) un syndicat du territoire de la Colombie britannique a décidé de saisir les autorités sur le sujet de la montée de la violence dans les hôpitaux. Ils font ce constat :
« Selon un rapport de Worksafe BC, le taux global de blessures provenant de violences au travail a augmenté de 50 % entre 2006 et 2015. Parmi ces agressions, 40 % touchent des infirmiers et infirmières, affirme Gayle Duteil, présidente du syndicat. « Les travailleurs de la santé sont plus susceptibles d’être blessés que les policiers. Ça n’a aucun sens », commente-t-elle. » Le syndicat ajoute que probablement plus de 70 % des actes de violence ne sont pas déclarés.
Afin de se faire entendre ce syndicat a proposé une lettre type à envoyer aux candidats, cette lettre s’accompagne de deux clips pour le moins explicites et glaçants.
Tout est dit ?
Et sinon ? Mourir enseveli sous les déchets.
« Un immense éboulement d’ordures s’est produit samedi 11 mars dans la plus grande décharge d’Éthiopie, en périphérie de la capitale Addis Abeba. Le bilan est de 46 morts mais il pourrait être revu à la hausse vu l’étendue de la zone touchée. »
Cela n’a été traité que comme un fait divers parmi d’autres, dans les journaux de 20 heures de ce soir-là, pourtant à la rédaction nous pensons qu’il est utile de revenir dessus.
D’abord pour bien comprendre les faits : Dans le monde, en Éthiopie en particulier, il y a donc des gens qui vivent, qui naissent et qui meurent dans des déchèteries à ciel ouvert, grandes comme des villes entières. Ils sont appelés des « squatteurs » et ils vivent de la revente de ce qu’ils trient des déchets, ils y ont bâti leurs maisons et y vivent à plein temps. Mais leur densité y est parfois si forte qu’un éboulement, dû à des travaux de « ravalement » de la décharge a fait plus de 46 morts ; Quelque part dans le monde, plus de 46 personnes sont mortes ensevelies par un tsunami de déchets dans la décharge où elles vivent.
Quelque part dans le monde, plus de 46 personnes sont mortes ensevelies par un tsunami de déchets dans la décharge où elles vivent.
Quelque part dans le monde, plus de 46 personnes sont mortes ensevelies par un tsunami de déchets dans la décharge où elles vivent.
Et cette information n’a pas fait plus de 2 minutes dans les journaux du soir, coincée entre des histoires de costumes, d’élection et la maladie du chanteur…
Tout est dit ?