Simon s’en va et le niveau des internes serait en chute libre : une semaine infirmière.

 

On avait découvert Simon lors des manifestations de Savoie pour les lK et cette semaine, patatras !, on apprend qu’il met en vente son cabinet. A l'hopital, alors qu’on ne sait même plus vraiment quelle est la première urgence, « Le Quotidien du Médecin » révèle que le niveau des internes issus des formations en Europe serait parfois déplorable…

 

 

Simon s’en va !

On avait rencontré Simon, infirmier libéral de Savoie, lors des manifestations contre les IK mais cette semaine il nous a contactés pour mettre en vente son cabinet. On a donc voulu en savoir plus :

Depuis quand es-tu en libéral ?

Depuis le 1° juin 2011 précisément. Avant je faisais du HAD dans le Sud ouest et j’ai eu envie de m’installer en Savoie. Quand je suis arrivé là le libéral a été rapidement le moyen d’exercice le plus facile car la vallée où je vis est assez isolée. Alors j’ai fait quelques remplacements et puis une place s’est libérée dans un cabinet…

Tu as choisi le libéral au hasard ?

Non pas du tout ! Je voulais surtout garder le contact particulier qu’on a avec le patient quand on le rencontre chez lui, je voulais être autonome, plus libre dans mes plannings et avec moins de hiérarchie…

Et aujourd’hui tu regrettes ton choix ?

Pas du tout non plus ! Je suis très heureux du secteur où je travaille parce que même s’il est parfois difficile, les paysages sont absolument extraordinaires et je me sens privilégié de travailler dans de telles conditions…

En plus j’y ai rencontré des personnes avec qui j’ai noué des relations vraiment uniques et qui me conviennent bien : les gens de montagne ont tous quelque chose de particulier; quand tu travailles ou que tu vis dans des conditions aussi dures tu es beaucoup plus solidaire et ce n’est pas un cliché. En tant que soingant tu dois être plus polyvalent, plus volontaire et plus joignable qu’en ville. Du coup, il y a aussi plus de simplicité dans les rapports humains, même avec les médecins, et puis les patients sont très conscients de la difficulté de ton métier et n’hésitent jamais à te dire merci. Par exemple mon premier jour de travail, le premier juin, il a neigé ! Je n’étais pas du tout équipé à l’époque, je n’avais pas l’habitude et bien sûr j’ai planté ma voiture avant même de partir en tournée. Eh bien le dépanneur m’a immédiatement prêté un 4*4 pour que je fasse ma tournée parce qu’il savait que c’est essentiel… Ce sont des petits détails, bien sûr mais c’est tout un état d’esprit.

Alors pourquoi partir ?

Au bout de 6 ans, sincèrement, je suis un peu fatigué de la précarité de l’exercice libéral sur plusieurs plans… Mais je ne pars pas loin puisque je vais travailler dans le même secteur pour un prestataire de services pour les libéraux. Donc, à part les soins, presque rien ne va changer sauf que je retourne au salariat qui aujourd’hui me convient mieux.

Pourtant la précarité ça fait partie intégrante du statut libéral, tu avais fait des formations avant de te lancer ?

Non et c’est bien dommage, j’ai dû tout apprendre tout seul, tout découvrir. Mes collègues m’ont aidé bien sur mais elles ne peuvent pas tout savoir et souvent elles découvraient parfois en même temps que moi les cotations, les relations avec les uns ou les autres… D’ailleurs je pense que ça devrait être obligatoire ! Avant de se lancer en libéral on devrait avoir de l’expérience de soins et une formation pour tout le reste.

Quel regard portes-tu alors sur ton expérience en libéral ?

Que du positif ! J’ai beaucoup appris, je suis plus autonomie, j’ai pris énormément d’assurance et je sais mieux gérer le relationnel avec les patients ou avec les médecins. À l’hôpital c’est toujours difficile de communiquer avec eux alors qu’en libéral on est presque sur un pied d’égalité et les barrières tombent. D’ailleurs, je me suis rendu compte que l’expérience libérale est très recherchée aujourd’hui par les employeurs : on m’a répondu en 24 heures à peine ! Ma DRH me disait hier « il y a du relationnel avec les médecins, il y a de la route, il faut être autonome mais tu connais tout ça avec le libéral ! ». Bref j’ai été très content de cette expérience, je suis très intrigué par ce nouveau poste à venir alors tout va bien et j’espère que celui qui va me succéder sera aussi heureux que moi !

Si la Savoie vous tente, les renseignements sur le Cabinet de Simon sont ici

Et sinon, la prochaine réunion sur l’installation en libéral aura lieu le 21 mars à Paris.

 

Les internes incompétents ?

C’est un article du « Quotidien du Médecin » qui a attiré notre attention cette semaine : Plusieurs chefs de service de l’hôpital public s’inquiètent du niveau assez faible de certains internes notamment de ceux issus de formation dans d’autres pays d’Europe. En effet, pour devenir interne en France il faut justifier de sa formation dans son pays puis passer les ECN (Épreuve Classante Nationales) qui vont décider de votre affectation. Mais les ECN ne font que trier et n’évaluent pas le niveau des futurs internes alors même avec une copie blanche vous êtes classé. Comble de malheur, ce sont dans les petits hôpitaux périphériques, délaissés par les internes « bien classés », que se regroupent tous ces internes. L’année dernière huit ont alors été carrément suspendus et mis dans un stage de remise à niveau… Mais le stage étant débordé ils sont revenus dans le cursus normal.

Le Dr Marie Odile Lemaître, en médecine interne à Juvisy (Essonne), en a également été témoin [de cette baisse de niveau]. Elle a dû invalider au semestre dernier quatre des huit internes de son service, qui venaient des facs roumaines de Cluj et Iasi ! « C’était une véritable catastrophe, ces gens avaient à peine le niveau d’un externe, ils ne savaient pas examiner un patient. » Mais l’ARS ayant abandonné les stages de remise à niveau, le médecin a dû garder ces internes dans son service jusqu’au bout… « Ils étaient plus un poids pour le service qu’une aide ».

À la semaine prochaine !