
L’ordre infirmier, que nous suivons évidemment comme toutes les institutions de la profession, nous avait habitués à un rythme de publications que nous qualifierons de tranquille, en tout cas de facile à suivre puisque la dernière note sur le code de déontologie des sites infirmiers (que nous avons relayé ) datait de… Septembre 2015. Et puis soudainement les publications ont pris un sérieux coup d’accélération et voici qu’en moins d’une semaine c’est bien trois avis et une page dans le journal "Le Monde" que nous a offert l’ordre des infirmiers… Mais que se passe-t-il ?
Lundi, L’ordre des infirmiers appelle à la manifestation le 8 novembre
Nous en avons déjà largement parlé la semaine dernière (et nous en reparlerons dans les semaines à venir), un grand mouvement de rassemblement de toute la profession infirmière est prévu le 8 novembre à Paris. Dans un article nommé « malaise profond dans la profession, exprimons-nous » l’Ordre national des infirmiers « apporte son soutien affirmé à ce mouvement. Les infirmières et infirmiers doivent se faire entendre par tous les moyens en leur possession, continuer de négliger cette profession serait mettre en danger le système de soins dans son ensemble. Pour prendre soin des patients, prenez soin des infirmiers. N’attendons pas qu’il soit trop tard ! »
Et de un.
Lundi toujours, L’ordre des infirmiers s’oppose à la vaccination par les pharmaciens.
Ce n'était un amendement proposé en commission sanitaire et sociale par la députée Michelle Delaunay mais il a été voté par l'assemblée le 27 octobre dans la nuit. Les pharmaciens vont pouvoir vacciner contre la grippe pendant 3 ans dans certains territoires. Cependant les conditions pratiques de son application (Quels territoires seront concernés ? Qui va vacciner dans les officines ? Dans quel local ? Et pour quel prix sachant que cette idée est financée par le FIR, donc un fincanement régional…) seront fixées un peu plus tard par decret. Mais avant même qu'elle ne soit votée, l’idée que les pharmaciens vaccinent en pharmacie a provoqué une levée de boucliers chez les infirmiers et les médecins. L’ordre infirmier s’est exprimé fermement contre cette idée dans un courrier envoyé aux députés et s’est même offert une page dans le journal "Le Monde" le jeudi 27 octobre pour publier son avis sous la forme d’une lettre ouverte à la ministre de la santé, rappelant que la « vaccination est une compétence infirmière par excellence ».
Et de deux.
Cependant, puisque l’on est sur le sujet des vaccinations et que l’idée majeure pour l’étendre aux pharmaciens est « d’augmenter la couverture vaccinale des Français », à inflib.com, on aimerait souffler à Didier Borniche (le président de L’ONI) que la participation des infirmiers à la couverture vaccinale de la population doit être bien difficile à évaluer par la CPAM vu que – d’après notre expérience – une bonne part des vaccins faits par les infirmiers ne sont pas déclarés car entrant dans les soins gratuits ou bien parce que beaucoup d’infirmiers (qui se servent du vaccin comme carte de visite) « offrent » le vaccin à leurs patients. Ainsi sur notre page Facebook Hélène témoigne :
« Je me déplace chez les patients à l’heure qui me convient, je ne fais pas payer, je note sur la feuille " acte gratuit pour le plaisir de se voir une fois par an " et je note mon nom et tel. Les patients m’offrent un café, thé.. Je perds 30 minutes pour rien mais ils m’ont toujours rappelé. Je fidélise ma patientèle. »
Et Yann d’ajouter :
« Cela fait 20 ans que la CPAM croit que je ne me suis jamais fait vacciner alors que depuis que j’ai mon diplôme et que mon médecin de famille m’a prescrit mon premier vaccin, tous les ans, je paye mon vaccin de ma poche (6.10 euros cette année) et que je trouve toujours une collègue pour le faire… Gratuitement aussi. Tous les ans je reçois donc mon bon de vaccination vierge qui me demande d’aller voir mon médecin… J’en fais une boulette et je le jette à la poubelle. La bonne blague c’est que la CPAM doit me considérer comme un mauvais professionnel de santé qui ne se vaccine pas alors qu’au contraire je lui fais faire 20 euros d’économies tous les ans. ».
Sur ce sujet nous vous rappelons enfin que le syndicat SNIIL encourage les infirmiers à faire parvenir aux caisses tous les reçus des actes qu’ils ont faits, même s’ils sont gratuits, afin que ceux-ci apparaissent un jour dans les décomptes d’actes
Mardi, l’ordre s’oppose à l’accès partiel de la profession
Pour résumer, une norme européenne permettrait l’accès au statut d’infirmière en France à des personnes dont la formation n’est pas équivalente aux infirmières françaises.
Malheureusement (et pour être parfaitement honnête), sur le site, entre l’achat de tee-shirt et la préparation de la manifestation du 8 novembre nous n’avons pas eu encore le temps de nous pencher sur cette nouvelle directive européenne ( pour savoir notament qui la défend et pourquoi). Évidemment on va travailler ce sujet mais c’est à ce moment-là que quelqu’un dans la rédaction a levé la tête : Qu’on se fasse distancer par l’actualité, évidemment ça arrive; Mais qu’on se fasse distancer par les infos relayées par l’ordre infirmier… Que se passe-t-il ?. Nous nous sommes donc réunis autour d’un café (ça va vite…) et nous en sommes arrivés à deux conclusions (qui n’engagent que nous évidemment) :
– Soit l’ONI a fini de payer ses dettes et s’est offert les services d’un community manager qui fait du zèle pour sa première semaine d’exercice.
– Soit c’est une façon de préparer le terrain pour une annonce à venir rapidement, sûrement quelque chose d’important et qui marquerait l’esprit de la profession, peut être même quelque chose d’annoncé depuis des années… 😉
À la semaine prochaine !