L’infirmière est-elle la nouvelle Marianne et “Qui perd gagne” au conseil d’état : la semaine infirmière n° 21

A sec !

Vous le constatez tous, l'essence à la pompe, peu à peu, se raréfie mais des solutions se mettent difficilement en place puisqu'apparemment la "pénurie n'existe pas". Il est donc difficile pour les ARS (qui sont censées s'occuper de ça…) de s'organiser, et quand elles le font, les rares pompes prioritaires le sont pour tous les véhicules d'urgences… Ce qui, au final, fait un peu de monde. Pris de court par cette situation totalement nouvelle, -qui n'apparaît que tous les 5 ans-, on souhaite donc à tous les infirmiers bon courage et bonne patience… Ceci dit on peut s'étonner aussi que lorsqu'il s'agit "d'organiser" les grèves soignantes (ou d'organiser une belle campagne de vaccination…) et d'envoyer les représentants de l'ordre réquisitionner les infirmiers chez eux, les protocoles soient beaucoup plus clairs et plus efficaces.

Note:  Lors des réunions de préparation à l'installation des libéraux, on conseille souvent de s'organiser pour ne pas jamais vivre trop loin de sa tournée… Voilà entre autre pourquoi. Et si vous souhaitez participer à une de ces réunions d'information sur l'instalation en libéral, la prochaine aura lieu le 29 Juin à paris. 

L'infirmière est-elle la nouvelle Marianne ?

C'est passé quasiment inaperçu (car tout le monde a la tête ailleurs ?) mais Marine Le pen a commencé sa campagne présidentielle par une "lettre aux infirmiers". Comme l'explique le très bon article de RTL cela s'explique pour deux raisons : S'adresser aux seniors qui votent assez peu pour le Front National (FN) et solidifier sa montée dans l'hôpital public où "le vote frontiste est monté en flèche dans la fonction publique hospitalière, passant de 19% à 26%" (RTL).

Dans la foulée le parti "les républicains" a organisé une matinée de travail de son parti, le 25 mai, sur le thème « protection sociale, santé et famille » mais apparemment les infirmiers n'ont pas été abordés et tout s'est centré sur les médecins libéraux. Concernant la dépendance : "l'objectif pour notre famille est de mettre en place les conditions pour que les personnes puisent rester chez eux le plus longtemps possible. Et aussi d'encourager les familles à s'assurer pour le risque dépendance. Pour cela Nicolas Sarkozy propose d'améliorer la prise en charge fiscale d'une assurance pour ce risque dépendance. Quant à des prestations pour aider les familles concernées par la dépendance d'un de leurs proches, « la question est posée », confie Nicolas Sarkozy. (site des républicains), le parti prévoirait donc -apparemment- une privatisation du maintien à domicile par des assurances.

A la rédaction, le discours spécifique du FN sur les infirmiers nous a tout de même surpris, surtout que ce ne sont pas – à tort ou à raison- deux termes que l'on associe habituellement. Et puis au bout de la dernière engueulade, une évidence nous est tout de même apparue : nous avions oublié à quel point l'infirmière est un symbole que l'on peut mettre à toutes les sauces. Cela peut être la gentille infirmière de l'hôpital mal payée, sorte de héros moderne, la femme qui se lève tous les matins très tôt et qui est fonctionnaire pour les pauvres, les vieux et les enfants, qui sauve donc toute la fonction publique à elle toute seule. Ca peut être aussi celle qui se lève tôt (oui encore…), monte seule dans sa voiture et rend service à tous les autres au détriment de sa famille, archétype du "bonheur et de l'épanouissement libéral" et qui est harcelée par l'administration; ça peut être aussi (et c'est le motif que retient le FN) la brave fille, fonctionnaire (donc un peu la France quand même) que les "étrangers" (ou des "minorités" ou des "lobbys" ou des "communautés") empêchent de travailler et puis ça peut être aussi -bien sûr- la méchante, ignoble voleuse qui gruge la secu et gagne "des millions et des millions" en détournant la secu, archétype du mal absolu, du contre exemple, à l'inverse de la valeureuse walkyrie blanche et pure (comme sa blouse) qu'elle est censée être… Et tout ça sans parler celle qui est toute nue sous sa blouse (même si c'est un motif que les décideurs utilise rarement) (quoique…). Bref l'infirmière c'est bien, c'est pratique, ça passe partout et ça justifie tout. A croire que "l'infirmière" est devenue en fait la nouvelle Marianne, bras levé et sein nu, un symbole républicain venu prendre la place de l'instituteur en qui – entre vacances à rallonge, échec scolaire et pédophile (…)-  plus personne n'a vraiment confiance.
Alors bien sûr d'un coté c'est bien, ça fait plaisir qu'on parle de cette profession mais en même temps c'est un peu à se demander à quel fantasme les décideurs s'adressent quand ils parlent des ""infirmières"" dans leurs tribunes de campagne, à se demander aussi si les vrais problèmes concrets et réels des infirmiers (trouver de l'essence? payer un loyer? mettre aux normes un cabinet? comprendre les cotations ?), les intéressent tant que ça.

Qui perd gagne au Conseil d'état.

 Si vous n'êtes pas sur facebook (ou que vous ne lisez pas tous les jours le journal officiel ce qui est une grave erreur tout de même…) vous avez pu passer à coté de cette information : le conseil d'état a rendu un avis sur le temps dans la cotations des perfusions.
Évidemment, commenter une telle décision est complexe (et largement au dessus de nos pauvres moyens) et encore plus deviner quelles seront ses conséquences dans la pratique notamment dans les conflits sur les horaires avec la cpam. Mais pour résumer clairement, à la demande de censure du texte sur les cotations, le conseil d"état répond que le texte est totalement valable puisqu'il a suivi toute les étapes normales de sa rédaction et c'est donc un rejet de la demande. Cependant au décours de son argumentation le conseil d'état dit ceci : "Si elle distingue notamment, pour les assortir de coefficients différents, les " séances de perfusion courtes ", d'une " durée inférieure ou égale à une heure ", pour lesquelles la surveillance doit être continue, des séances plus longues, pour lesquelles l'organisation d'une surveillance est possible, elle ne prévoit aucunement que toute séance de perfusion doive nécessairement durer une heure, ni même qu'une séance doive durer une heure pour être prise en charge par l'assurance maladie. Par suite, les requérants ne sont pas fondés à soutenir que les dispositions qu'ils critiquent porteraient atteinte à l'indépendance professionnelle des infirmiers, seraient entachées d'une erreur manifeste d'appréciation ou procéderaient d'un détournement de pouvoir, en visant à réduire le nombre d'actes pris en charge par l'assurance maladie.

D'autre part, il résulte des dispositions de la décision attaquée que le supplément forfaitaire pour surveillance continue d'une perfusion au-delà de la première heure peut faire l'objet d'une prise en charge par l'assurance maladie pour chaque heure commencée, dans la limite d'un total de six heures pour une même séance de perfusion. Par suite, les requérants ne sont pas fondés à soutenir que la décision attaquée, par son imprécision, laisserait un pouvoir d'appréciation excessif aux caisses primaires d'assurance maladie et porterait atteinte, pour ce motif, à l'indépendance professionnelle des infirmiers."
 
  Et cette phrase, par son existence même, couperait peut être l'herbe sous le pied de la cpam dans sa volontée de reconstruction des journée de soins, en empilant les actes comme des durées, pour prouver que les infirmiers n'ont pas fait les soins qu'ils ont cotés. En clair, par son énoncé, le conseil d'État confirmerait que le lien entre acte de perfusion et durée de travail effectif n'est pas possible.  Ça va sans dire mais (parfois) ça va mieux en le disant.

Le gagnant de la semaine

Est une gagnante ! Bien sûr les esprits chagrins pourraient râler indéfiniment sur le profil "infirmière le jour/pompier la nuit et mère à plein temps" (une autre Marianne moderne?) … Mais on peut aussi de temps en temps laisser tomber le cynisme et féliciter cette collègue qui vient d'être décorée par le ministre de l'intérieur pour son courage et son engagement.

Et pendant qu'on écrivait ses lignes, une nouvelle est tombée dans nos boites mail, alors on vous la livre, histoire de vous laisser sur une note… positive : "les fonctionnaires travaillent moins de 35 heures par semaines" merci TF1 !! 😉

Allez à la semaine prochaine ! Et n'oubliez pas de regarder france 2 Mercredi soir !!!

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