« Les syndicats sont totalement déconnectés des vrais problèmes des infirmiers » une semaine infirmière !

Il y a quelques jours, un document qui est sorti sur le net a retenu notre attention, c’est le « compte rendu de la commission des affaires sociales, mission d’évaluation et de contrôle des lois de financement de la Sécurité sociale ». Il relate les échanges d’une réunion où étaient présents Ghislaine Sicre de Convergence, Philippe Tisserand de la FNI, Élisabeth Maylié de l’ONSIL, Jonh Pinte du SNIIL et Thierry Amouroux du SNPI ; comme ce document est la retranscription d’une réunion, pour une fois il montre ce que disent réellement les syndicalistes.

Les syndicats ne connaissent pas les problèmes de la profession…

« Après l’hospitalisation de leurs patients, ceux-ci ne sont plus pris en charge par l’infirmière libérale, mais sont captés par l’HAD, alors que les soins ne sont pas forcément complexes […] le patient a même l’obligation d’entrer dans l’HAD pour pouvoir sortir de l’hôpital, autrement dit, le retour à domicile est conditionné à l’entrée en HAD – ce genre de cas est récurrent. Nous trouvons cette situation inquiétante, car les infirmières libérales peuvent effectuer tous les soins à domicile – et elles le font depuis un grand nombre d’années. ». (G.Sicre – convergence)

« Souvent, le médecin hospitalier fait appel à l’HAD parce qu’il ne nous connaît pas ; pourtant, nous avons le même diplôme que les infirmières exerçant à l’hôpital ! Pourquoi les infirmières libérales ne pourraient-elles pas faire à domicile les mêmes soins que ceux des infirmières à l’hôpital ? […]Les personnels de l’HAD ne viennent pas au lit du patient : nous ne les voyons jamais ! Comment faire de la coordination sans connaître le patient, son entourage, son environnement ? La coordination, ce sont les infirmières libérales qui la font ! » (E.Maylié – ONSIL)

« Si elle ne faisait que se substituer à l’hospitalisation traditionnelle – plein-temps hôpital –, l’hospitalisation à domicile aurait un sens. Ce n’est pas le cas, puisque des patients sont placés en HAD, alors qu’ils n’en relèvent pas car leur cas est trop léger. » (P.Tisserand – FNI)

« L’hospitalisation à domicile est beaucoup plus lourde et moins réactive qu’une intervention en libéral. Un infirmier libéral appelé pour prendre en charge un patient dans la journée pourra le faire, alors que la mise en place de l’HAD requiert plusieurs étapes. Les infirmiers libéraux étant soumis à la continuité des soins, ils sont sur le terrain sept jours sur sept, y compris la nuit si besoin – notamment pour les patients sous perfusion. En outre, notre secteur étant très limité, nous pouvons nous déplacer plus facilement que les personnels HAD qui doivent souvent faire plusieurs kilomètres pour aller au chevet des malades. Cette réactivité des infirmiers libéraux pour se mobiliser sur le terrain est un élément très important » (J.Pinte – SNIIL).

Les syndicats ne défendent pas la profession…

« Nous souhaitons que l’identification de l’infirmière libérale habituelle soit facilitée. Actuellement, le médecin référent est identifié, mais le lien hôpital ville est plus difficile car les patients ne connaissent pas toujours les coordonnées de leur infirmière libérale, qu’ils appellent souvent par leur prénom – ils n’ont pas toujours leur nom ou leur adresse mail. Certes, tous les services hospitaliers ne font pas une transmission vers les infirmières libérales, mais si l’infirmière libérale habituelle était plus facilement identifiée, elle pourrait être associée à la sortie du patient. Enfin, nous souhaitons que les critères d’inclusion entre HAD, SSIAD et infirmiers libéraux soient revus. En effet, nous constatons, nous aussi, tout et n’importe quoi. De surcroît, les hôpitaux qui gèrent un service HAD font face à une injonction forte : le développement de l’ambulatoire – ils doivent « faire du chiffre » en mettant des gens dans leur structure HAD. Par conséquent, des patients se retrouvent en HAD sans forcément en relever ». (T.Amouroux SNPI)

« Une étude médico-économique, qui prend en compte les frais des prestataires de santé, les honoraires infirmiers, les consultations du médecin généraliste, le transport sanitaire et la biologie, montre que la prise en charge libérale est 60 % moins chères que l’hôpital de jour et 40 % moins chère que l’hospitalisation à domicile. Je tiens cette étude à votre disposition. Il ne s’agit pas d’une étude réalisée par les pouvoirs publics mais son auteur s’est identifié : il s’agit de Jean-Marc Aubert, directeur délégué à l’offre de soins de la Caisse nationale d’assurance maladie […] Vous le voyez : les alternatives existent. Inutile de mettre en place une industrie nouvelle avec tous les lobbies et les conflits d’intérêts qui s’y rattachent. On est au cœur d’un conflit d’intérêts majeur actuellement : non seulement Mme Hubert, présidente de la FNEHAD, parle en France pour l’HAD, alors que la Fédération hospitalière de France (FHF) et la Fédération de l’hospitalisation privée (FHP) auraient leur mot à dire, mais sa société, HADFrance, ne devrait pas avoir le monopole sur ce sujet. » (P.Tisserand FNI)

Et puis tout à coup, un scoop…

« Pourquoi l’Assurance maladie a-t-elle négocié avec les syndicats infirmiers cette majoration de coordination – qui a coûté beaucoup plus cher que prévu initialement pour des raisons de volumes ? Sans trahir les propos du directeur général de l’UNCAM à l’époque, il nous avait été dit très clairement que l’Assurance maladie voulait mettre un frein au développement non contrôlé de l’HAD. Frédéric Van Roekeghem avait eu le même problème avec les soins de suite et les centres de rééducation, face auquel la solution avait été de les mettre sous entente préalable – mais le lobby de l’HAD est tel que l’Assurance maladie n’a pas eu le pouvoir de faire. Elle a donc préféré négocier avec les syndicats infirmiers une majoration de coordination sur les pansements complexes et les soins palliatifs afin de rendre ces prises en charge suffisamment attractives pour les infirmières et les amener à s’en emparer pour concurrencer naturellement l’HAD ! » (P.Tisserand FNI).

Donc si jamais vous vous demandiez d’où sortait cette fameuse MCI, aussi mal formulée et par conséquent aussi facilement contestable puisque personne ne comprend vraiment ni son but, ni son périmètre… Voilà enfin un début de réponse !

À la Semaine Prochaine !

Ps : Oui et on l’assume parfaitement : le titre de cet article est délibérément faux et provocateur. On a beau travailler sérieusement, on peut faire du clic facile nous aussi ! 😉