L’Assemblée Nationale décide de supprimer l’ordre infirmier

Dans la nuit du 9 au 10 avril, durant l'examen du projet de loi de santé, un amendement proposant la suppression de l’Ordre Infirmier déposé par la députée Annie Le Houérou (SRC) a été adopté. 

Seuls 32 députés (sur 577) ont pris part au vote : 19 voix pour, 10 contre et 3 abstentions. 

Bien qu'il ait été voté, cet amendement n'a pas reçu le soutien de la majorité et Marisol Touraine a réagi en soutenant l’Ordre : « peut-on se passer d'un cadre de régulation déontologique et institutionnel ? Je ne le crois pas… Nous avons besoin de structures qui permettent de réguler, d'accompagner la profession (…) Nous en avons d'autant plus besoin que nous mettons en place le virage ambulatoire ». 

Une position étonnante, puisqu’il y a moins d’un an,  la ministre de la Santé avait affirmé que « la situation que vivent actuellement les infirmiers avec l’Ordre n’est évidemment pas satisfaisante. L’Ordre des infirmiers est un Ordre contesté, est un Ordre sans légitimité et donc un Ordre dont l’avenir est clairement menacé » 

Rappelons que ce texte doit passer au Sénat pour être définitivement adopté.

Ironie du sort, il y a quelques jours l’Ordre avait contraint le Gouvernement à la publication du Code de déontologie des infirmiers dans l'année avec une astreinte de 500 euros par jour de retard et à fait supprimer l'article 30 bis qui prévoyait de déléguer des actes infirmiers à des non-soignants

L’Ordre National des Infirmiers, par la voix du président Didier Borniche ne pense pas que ce vote aboutira à la suppression :  « Nous savons pouvoir compter sur le bon sens de nombreux parlementaires y siégeant, qui nous ont déjà témoigné leur soutien. » 

Le syndicat SNIIL s’est insurgé contre cette mesure « qui fait revenir la profession infirmière dix ans en arrière » en supprimant  « une institution qui demeure, pourtant, le seul garant de l’indépendance et de l’autonomie des 600 000 infirmières et infirmiers de France ».

De son côté, La Fédération Nationale des Infirmiers, « se félicite de ce vote qu’elle considère comme une victoire pour la démocratie » et « applaudit l’adoption par les députés contre l’avis du gouvernement de l’amendement visant à supprimer l’Ordre national des infirmiers et dénonce les arguments perfides de la ministre » en dénonçant « le revirement de la ministre qui face aux difficultés qu’elle rencontre avec son projet de loi, attend en réalité de l’Ordre national des infirmiers qu’il devienne la caution de sa politique via les nouvelles instances que prévoit le projet de loi. »

En savoir plus : 
Communiqué de presse de la FNI
Communiqué de presse du SNIIL

Par Abdel IAZZA