
Après plusieurs années de Blog (Mademoiselle Peggy) Peggy d’Hahier a regroupé ces notes dans un livre paru aux éditions Digobar. Rencontre avec une infirmière blogueuse qui veut « partager ce qu’elle vit « avec le plus grand nombre ».
Quel a été votre parcours ?
Après le bac j’ai commencé par 4 ans d’études de droit puis je me suis orientée vers les soins infirmiers et je suis finalement diplômée en 2000. J’ai commencé à travailler à l’hôpital mais l’ambiance « d’équipe » ne me convenait pas alors je me suis installée en libéral en 2006. En fait ça m’a pris d’un coup : En août j’ai pris ma décision et en septembre j’ai posé ma plaque. Mais pour tout dire je viens d’une famille de soignants et je m’étais juré que les soins ce n’était pas pour moi… Mais il faut croire que ça m’a rattrapé !
Vous êtes l’une des rares infirmières à ne pas utiliser de pseudonyme pour écrire, pourquoi ?
C’est venu avec mon éditeur lors de la rédaction du livre. Je me suis rendu compte que je raconte « Les histoires de Mademoiselle Peggy » mais que c’est bien Peggy d’Hahier qui écrit. En fait je crois Mademoiselle Peggy c’est mon « moi professionnel », celle que je suis quand je suis infirmière alors que Peggy d’Hahier c’est celle que je suis au quotidien, chez moi, en dehors des soins. Je fais partie des celles qui privilégient largement leur vie privée et qui refusent d’être esclaves de leur travail; ma vie ce sont les loisirs et ma famille et pas le travail, donc cette différenciation me paraît logique: ce sont deux pans différents de ma vie. Quand au pseudo en lui-même de toute façon quand on sort un livre tout le monde sait qui vous êtes alors ça ne sert pas à grand-chose…
D’où vient ce livre ?
Je crois que j’ai toujours aimé écrire, lire et raconter des histoires. Dès le début de ma formation je me suis mise à raconter ce que je voyais et tout le monde autour de moi me disait qu’il fallait que j’écrive tout ça… Lorsque j’ai créé mon cabinet j’ai participé à un forum (à l’époque ça se faisait !) sur la création de cabinet et ça a bien marché et puis en 2014 j’ai lancé mon blog « les aventures de Mademoiselle Peggy » et qui a rapidement été lu aussi. Des éditeurs ont alors cherché à me contacter mais ils voulaient me faire rentrer dans une collection et ils modifiaient beaucoup mes écrits alors j’ai dit non parce que je ne me reconnaissais pas dans ce qu’ils me renvoyaient, c’était un peu trop pathos et ça ne correspondait à ce que je veux faire. Moi ce qui m’intéresse c’est de raconter mon quotidien pour m’adresser aux soignants et aux non-soignants, moi je veux partager ce que je vis avec le plus grand nombre donc ce ne sont ni des histoires sensationnelles ni du jargon pour mes collègues. Et au final ça marche puisque les gens qui me lisent vont de la mamie dont la petite fille entre en ifsi, à des collègues libérales qui me disent que « je raconte leur vie »
Quel regard portez-vous sur la profession infirmière ?
Pour moi, au fond, c’est un mystère…. Nous sommes 600 000, nous pourrions bloquer le pays en 24 heures et pourtant on se fait maltraiter sans broncher, sans rien dire, on subit tout… Sincèrement c’est incompréhensible… J’ai l’impression que chacun est replié sur sa revendication, son petit problème et entre libéraux c’est pareil, il n’y a pas de solidarité, pas d’entraide… J’ai participé à plusieurs expériences et chaque fois c’est pareil : passé le feu de paille du début, très vite chacun veut faire entendre sa petite demande et personne ne s’efface pour une cause commune alors ça s’enlise et au final ça ne sert à rien… Bref je suis un peu pessimiste pour tout dire.
Êtes-vous syndiquée ?
Non et je ne connais pas bien les syndicats en fait. Mais j’ai participé un temps à la page « ni bonne, ni pigeonnes » alors je les ai vus à l’œuvre et ça m’a laissé un goût amer : une perte de temps incroyable pour des querelles intestines. En plus j’ai franchement l’impression que la profession régresse plus qu’elle n’avance, pour la formation des élèves entre autres… Alors vraiment j’ai un doute sur les syndicats.
Avec trois autres blogueuses vous avez écrit « le manifeste des 600 000 » ou en êtes-vous dans cette démarche ?
Nous avons récolté déjà 9 000 signatures et ça continue… Quand nous en aurons 10 000 nous l’enverrons au ministère de la santé en espérant qu’il entende enfin le désarroi de la profession et qu’il ressente enfin un peu de pression pour agir.
"Les petites histoires de mademoiselle Peggy" (brèves de vies ordinaires) aux éditions DIGOBAR
A la semaine prochaine !