Le futur Bilan de Soins Infirmiers (BSI)

Le futur Bilan de Soins Infirmiers (BSI) doit permettre de rémunérer les séances de soins infirmiers en fonction de la charge en soins et non plus sur le critère de la fameuse demi-heure minimale à y consacrer.
Le BSI doit aussi servir de support de communication entre le médecin et l’infirmière. Enfin, il sera un recueil de données comptables des actes infirmiers. Tous ces objectifs à concilier entrent en tension ce qui ne simplifie pas le travail des syndicats, eux-mêmes animés par des priorités ou des points de vue parfois divergents. Voici les courants qui traversent les discussions.
LA POSITION DE LA CNAMTS
Objectif n°1 de la tutelle : aboutir (le plus rapidement possible). Des gains d’efficience sont nécessaires au système de santé et l’impatience politique est à son comble. Dans son rapport au Sénat de juillet 2014 sur les relations conventionnelles, la Cour des comptes pointait l’insuffisance de résultats et ciblait entre autres le BSI : « Malgré des stipulations en ce sens dans la convention de 2007, la démarche de soins infirmiers n’a pas encore été remplacée et les travaux étaient toujours en cours au moment de l’enquête de la Cour ».
Le BSI sera une boîte noire traçant le coeur même des AIS : leur contenu. Sa connaissance permettra “d’adapter” les stratégies médico-économiques. Pas étonnant donc que l’assurance maladie soit davantage encline à répertorier le factuel qu’à vouloir tenir compte du processus intellectuel mis en oeuvre dans le soin. D’où la liste présentée en juin dernier à la commission énumérant toutes les actions de soin possibles. C’est un peu comme si on avait démonté toutes les pièces d’un moteur jusqu’au plus petit boulon et qu’on ne voulait pas tenir compte de la capacité du garagiste à réfléchir quand il travaille.
C’est là toute la différence. Pour autant, la caisse acquiescera du moment que le façonnage de l’outil est conforme à sa destination comptable. Comme ça, même si les médecins boudent, on est sûr que ça servira à quelqu’un.
LA POSITION DES SYNDICATS PROFESSIONNELS
Convergence infirmière, FNI, Onsil et Sniil, tous les syndicats défendent âprement la démarche de soins infirmiers contre la vision stérilisante de la Cnamts. Mais la tactique n’est pas la même pour tous.
Convergence infirmière, Onsil et Sniil défendent bec et ongles une approche très intellectualisante reposant sur la doctrine des diagnostics infirmiers.
Ils souhaitent graver dans le marbre du BSI les processus réflexifs des diagnostics.
Ils considèrent que cette démonstration de la pensée scientifique infirmière donnera une nouvelle légitimité au rôle infirmier et apportera à la profession sa juste reconnaissance. Avec une difficulté supplémentaire : enfermer la substantifique moelle d’un raisonnement analytique dans des cases
à cocher sans sombrer dans le sudoku.
L’Onsil, partisane des diagnostics infirmiers, reste toutefois plus pragmatique. Elle a tempéré son engouement au vu des résultats obtenus par le groupe de travail et souhaite, conformément aux objectifs de départ, un document simple d’accès.
La FNI estime que pour être opérationnel, l’outil doit être simple et obéir à une logique transversale, indispensable à l’interprofessionnalité. Celle-ci observe, d’une part que tous les Idels ne maîtrisent pas les diagnostics infirmiers, et d’autre part que ces diagnostics usent d’un langage réservé inaccessible aux médecins. Elle estime qu’il serait beaucoup plus pragmatique et valorisant d’adopter un vocabulaire médical compréhensible par tous. Après tout, l’infirmière a une formation scientifique. Pour cette raison, l’IDE est comme le garagiste, une professionnelle, qui n’a pas besoin de justifier de ses compétences. « Chercher à se justifier quand on n’est pas coupable, c’est s’accuser », comme dit un proverbe arabe. Vouloir exposer l’état de ses réflexions pour faire valoir qu’on est cérébral exprime un complexe et fait
encourir le risque d’obtenir l’effet inverse à celui recherché. La FNI juge plus pertinent d’introduire à côté des cases à cocher un cadre libre afin que l’infirmière puisse rédiger sa synthèse à l’intention du médecin. Cette formalisation sera plus facilement lisible pour lui que le décodage de multiples cases cochées ici et là. Enfin, la FNI a souhaité que soit intégrés des critères de majoration de la prise en charge pour motif physique (obésité, handicap moteur…), psychologique (patient opposant, soins palliatifs…) ou environnemental (local insalubre, absence d’aidant… ).
Source : www.fni.fr