Bien manger… même sur le pouce !
Si l’infirmier(e) libéral(e) court toute la journée, il est un moment où il doit bien s’arrêter, c’est pour manger ! Le moment du repas est donc une parenthèse de récupération bienfaisante qui gagne à être soignée par les soignants eux-mêmes…
Invitez votre hypothalamus à table !
La sensation de satiété, qui nous fait dire « stop, j’ai assez mangé », dépend en partie de la libération d’histamine déclenchée au cours du repas. Si le repas est avalé en quelques minutes, le cerveau est pris de court. Pour se sentir rassasié et éviter les fringales au cours de la journée, il faut que le repas dure au moins 15 ou 20 minutes et soit composé le plus possible d’aliments à index masticatoire élevé.
En effet, pour le même nombre de calories, les informations sensorielles envoyées à notre cerveau ne sont pas du tout les mêmes si on avale un sandwich composé de pain de mie et de fromage à tartiner suivi d’une compote à boire, ou si l’on mange un sandwich au pain complet avec une tranche de fromage dur suivi d’une pomme. Dans le second cas, le temps du repas et de mastication seront plus longs ; la sensation de satiété sera beaucoup plus élevée.
Le saviez-vous ?
Les aliments à index masticatoires élevés (fruits crus, crudité, fruits secs, aliments complets, aliments fibreux… ) sont aussi les aliments qui sont les plus bénéfiques pour la santé. Ils favorisent, entre autres, la digestion, la vitalité, l’immunité.
Place donc aux fruits crus, aux carottes à croquer, au chocolat, aux volailles, aux barres de céréales complètes…
Mangez en pleine conscience
Notre organisme ne peut pas faire plusieurs choses en même temps : si le temps du repas est un moment de rattrapage de tout ce qui n’a pu être fait ; les factures, les appels téléphoniques, l’envoi de SMS… le cerveau va détourner son attention du repas. Ainsi les aliments vont être avalés sans plaisir, rapidement et parfois goulument. Manger de manière automatique entraine un sentiment de déconnexion qui favorise la prise de poids.
« Avant je regardais des vidéos sur mon Smartphone en mangeant. À la fin du repas, parfois, je n’étais pas capable de me souvenir du goût des aliments. En fait j’avais l’impression de me remplir plutôt que de manger… »
Marie-Alice, 51 ans, IDE libérale à Montauban
Faites le plein de bonne énergie
Les journées d’un(e) infirmier(e) libéral(e) ne sont pas de tout repos et l’énergie est indispensable pour faire tourner la machine jusqu’au soir ! La bonne énergie, capable de soutenir les efforts dans le temps, est contenue dans les sucres lents. Le repas de midi, même s’il est pris sur le pouce, doit absolument en contenir sous la forme de pâtes, de riz, de légumes secs, de pain… Manger des sucres lents le matin et en milieu de journée, c’est-à-dire avant chaque tournée, est capital pour éviter les fringales.
L’organisme est programmé pour apporter un certain nombre de réponses insulinaires au cours de la journée, et plus largement au cours de l’existence. Si l’on ne fait pas de vrais repas et que l’on multiplie les prises alimentaires tout au long de sa tournée, on oblige son système digestif à fonctionner en mode plein régime. Un phénomène de fatigue ou d’usure des organes se produit. De plus, les périodes de jeûne sont primordiales pour que la fonction digestive n’occupe pas toujours la première place au détriment des autres fonctions. Contrairement à ce que l’on pense, notre cerveau n’a pas besoin d’un apport continu d’énergie : il fonctionne d’ailleurs bien mieux en dehors des périodes de digestion !
Pourquoi a-t-on envie d’aliments gras et sucrés ?
Naturellement les papilles seront plus largement nappées et sollicitées en cas d’absorption d’aliments sucrés et gras, d’où l’attirance vers les barres chocolatées, les biscuits, les bonbons… qui produiront en bouche un maximum de plaisir. En cas de fringale, mieux vaut choisir des aliments qui ne provoquent pas une réponse insulinique trop forte : un morceau de pain, une pomme, quelques fruits secs…
Cultivez le plaisir
Même en mangeant en dehors de la maison, même en mangeant sur le pouce, la notion de plaisir est essentielle. Au cœur d’une activité professionnelle très prenante et complètement tournée vers l’autre, le moment du repas gagne à être un moment pour soi. Cela peut être l’occasion de retrouver une amie qui déjeune aussi dans le coin, de s’asseoir au bord de l’eau, d’admirer une belle vue, d’écouter une musique apaisante ou de savourer le silence…
« Au début de mon activité, je mangeais vite fait un sandwich entre deux patients et même parfois au volant de ma voiture. Fin gourmet, j’ai vite ressenti de la frustration ! Alors je me suis organisé : un petit repas préparé la veille ou un reste, gardé chaud dans un thermos. Franchement, ça fait la différence. »
Alban, 31 ans, IDE libéral à Rennes
Vous ne manquez pas d’idées ! Certaines, certains…
– « surgèlent des parts de tartes aux légumes »
– « font chauffer leur gamelle chez le dernier client de leur tournée »
– « s’arrête chez un traiteur qui cuisine varié avec des produits de saison »
– « se font des thermos de soupe en hiver »
– « épluchent et coupent des fruits frais à l’avance, à grignoter dans la matinée »
– « refusent toujours les biscuits et autres sucreries offerts par leurs patients, sinon ils n’ont plus faim quand c’est vraiment l’heure de manger »
– « pique-niquent au soleil dès que le temps le permet pour faire le plein de vitamine D »
– « rajoutent des féculents dans les salades de crudités toutes faites pour être sûr de tenir plus longtemps » …
Pour résumer, un en-cas est presque parfait s’il est assez consistant et contient des aliments variés et équilibrés… à manger avec le minimum de précipitation et le maximum de plaisir. Et n’oubliez pas que bien-manger participe au bien-vivre au quotidien !